Quésaco : Le Handicap

Il y a beaucoup d’idées reçues et d’images réductrices sur le handicap : fauteuil roulant, canne blanche, trisomie 21… Mais ce p’tit truc en plus qui met mal à l’aise, qui fait peur aussi parfois, concerne bien plus de personnes qu’on ne le pense. Il est important de savoir identifier les différents types de handicap pour adapter sa posture, mais aussi de connaître les lois et les démarches existantes pour vous accompagner si vous, ou vos proches, êtes concernés.  

Le handicap, qu’est-ce que c’est ? 

La législation autour du handicap a beaucoup évolué et la dernière loi importante est celle de 2005 « Pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ». Elle définit le handicap comme « toute limitation d’activité  ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne  en raison d’une altération substantielle, durable  ou définitive d’une ou plusieurs fonctions  physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou  psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de  santé invalidant ». Concrètement ce texte acte que le handicap survient parce que l’environnement public n’est pas adapté et crée des limitations pour certaines personnes. Par exemple, un ascenseur en panne empêche une personne en fauteuil de sortir de chez elle : l’environnement défectueux la prive de son droit de se déplacer. 

Depuis cette loi, on parle désormais de personne en situation de handicap et non plus d’handicapé. Car le handicap peut être temporaire et la situation se résorber, c’est le cas pour une jambe cassée ! 

La loi de 2005 prévoit également : 

  • L’obligation de rendre tous les établissements recevant du public, transports, logements et espaces publics pleinement accessibles en 10 ans. 
  • Une meilleure prise en compte des besoins individuels des personnes en situation de handicap. 
  • Le renforcement des dispositifs d’accompagnement et de scolarisation en milieu ordinaire. 
  • De nouvelles mesures pour favoriser l’insertion professionnelle. 
  • La reconnaissance de tous les handicaps : y compris les handicaps invisibles. 

Mais 20 ans après, le bilan n’est pas très optimiste : 

  • En 2024, seuls 40 % des lieux recevant du public étaient pleinement accessibles. 
  • Le taux de chômage des personnes handicapées reste deux fois supérieur à la moyenne nationale (14%). 
  • Le Handicap est la 1ère cause de discrimination en France. 

Les 7 grandes familles de handicap 

Il existe sept grandes familles de handicap. De prime abord, on pense d’abord au handicap moteur qui concerne toutes les personnes ayant une atteinte à la mobilité d’un de leurs membres. Notez que seuls 5% de ces personnes sont en fauteuil roulant, c’est donc une très petite minorité ! 

Viennent ensuite les handicaps sensoriels à savoir : visuel (aveugles et malvoyants) et auditif (sourds et malentendants).  

Il faut distinguer trois familles de handicaps bien spécifiques :  

  • Les handicaps cognitifs qui concernent des dysfonctionnements des fonctions cognitives : autisme, troubles dys (dyslexie, dyspraxie). 
  • Les handicaps psychiques, comme les phobies, l’anxiété généralisée, les TOC ou qui sont dus à une maladie comme la schizophrénie ou la bipolarité. 
  • Les handicaps mentaux qui, à l’inverse des deux précédents, impactent les capacités intellectuelles des personnes, comme les trisomies. 

Et enfin la dernière famille de handicap concerne toutes les maladies chroniques invalidantes : diabète, insuffisance respiratoire, arthrite, conséquences du cancer, mucoviscidose, sclérose en plaques. 

Ainsi on estime entre 12 à 14 millions le nombre de personnes reconnues en situation de handicap en France. Et parmi elles, 80% ont un handicap invisible, c’est-à-dire que vous ne pouvez le déceler si la personne ne vous le révèle pas, ce qui peut créer des situations d’incompréhension ou de gêne. 

Les bonnes postures, les bons réflexes 

Pour éviter les situations de malaise lorsque vous échangez avec une personne en situation de handicap, il y a quelques bons réflexes à connaître pour adapter sa posture. 

Pour échanger avec une personne qui a du mal à se déplacer ou en fauteuil, il est recommandé de s’assoir pour se mettre à sa hauteur.  

Pour les personnes malentendantes, il faut absolument éviter de crier. Vérifiez que la personne vous  regarde avant de parler, enlevez tout ce qui cache votre visage (masque, vitre, main devant la bouche) et faites des phrases simples et courtes. Vous pouvez aussi passer par l’écrit. 

Concernant le handicap visuel, il est important de mettre la personne en confiance. Nommez-la avant de lui parler pour qu’elle sache que vous vous adressez à elle. N’imposez pas votre aide mais demandez toujours si, et comment, elle souhaite être guidée. 

Face à une personne atteinte d’un handicap mental ou psychique, ne vous offusquez pas d’un comportement inhabituel, parlez-lui distinctement sans l’infantiliser. Ne soyez ni agressif ni impatient et surtout laissez-lui le temps de répondre, ne parlez pas à sa place. Idem pour les personnes avec des troubles cognitifs. Vous pouvez également utiliser des  schémas, des écrits courts, des codes couleur, plutôt que des explications compliquées. 

Adopter ces réflexes simples dans toutes vos interactions vous assurera d’être compris avec bienveillance si vous êtes face à une personne en situation de handicap sans le savoir. Car la plupart des 9 millions de personnes vivant avec un handicap invisible ne se déclarent pas en arrivant en rendez-vous ou dans un lieu public. 

Les démarches indispensables à connaître 

Comme dans tout domaine, le handicap a lui aussi son lot d’acronymes à connaître pour réussir à naviguer dans le dédale des dispositifs existants. 

Tout d’abord vous devez connaître la MDPH pour Maison Départementale des Personnes Handicapées. C’est l’instance à contacter dans votre département pour  demander une reconnaissance de handicap et ainsi bénéficier des aides et accompagnements existants. 

Vient ensuite la RQTH pour Reconnaissance Qualité Travailleur Handicapé. Elle est très utile si vous êtes en situation de handicap car elle reconnaît officiellement votre aptitude au travail. Vous n’êtes pas tenu de la présenter à votre employeur, mais si vous le faites, la RQTH permet d’accéder à diverses aides à la formation ainsi qu’à des demandes d’aménagement de votre poste de travail. 

De plus, la RQTH permet à l’entreprise de connaître le nombre de ses collaborateurs en situation de handicap. Toute entreprise de vingt salariés ou plus doit compter au moins 6% de travailleurs en situation de handicap dans ses effectifs, sous peine de sanctions. C’est l’OETH : l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés. 

Notez que toutes les entreprises de plus de 250 salariés doivent avoir un référent handicap « chargé d'orienter, d'informer et d'accompagner les personnes en situation de handicap » (article L5213-6-1 du code du travail). 

Ainsi de nombreux dispositifs existent pour accompagner les personnes en situation de handicap dans tous les aspects de leur vie. 

Les préjugés entre handicap et performance 

Mis à part certains handicaps entraînant des déficiences mentales, le handicap n’est pas un frein à la performance aussi bien personnelle que professionnelle. Un diabète, une main paralysée ou l’absence de vision, ne rendent pas la personne moins capable que son collègue valide. La plupart du temps, un poste de travail adapté et personnalisé est nécessaire pour créer un environnement équitable. Cela demande un investissement de la part de l’entreprise (qui peut bénéficier d’aide) et le courage, pour la personne concernée, de demander les aides auxquelles elle a droit. 

De nombreux témoignages affirment que les personnes en situation de handicap ont tendance à en faire davantage que leurs homologues. En effet, elles sont tellement habituées  à innover et à créer des solutions pour adapter leur quotidien, que les défis ne leur font pas peur ! Beaucoup parviennent à faire de leur handicap une force inspirante pour leurs collègues. 

 

Le handicap fait encore peur aujourd’hui parce qu’il demeure un sujet tabou mal connu. Mais il est partout autour de nous, la plupart du temps invisible, et surtout, il est susceptible de toucher chacun d’entre nous un jour de façon durable ou momentanée. C’est pourquoi il est important d’adopter les bons réflexes pour créer des environnements accessibles et adaptés.